Ils étaient peu nombreux à tenter l'expérience en ce dimanche très ensoleillé. Direction, le volcan. Le sentier choisi était celui de Bras Mouton. Départ du Pas des Sables, direction Oratoire Sainte Thérèse puis descente dans la Plaine des Sables par le sentier en lacets de Bras Mouton. Un paysage grandiose propice à l'inspiration de nos randonneurs, pour certains néophytes dans l'art d'écrire.
Le résultat fut surprenant. Tout le monde joua le jeu. Il n'y eut pas de "je ne sais pas quoi dire", "je fais plein de fautes d'orthographe", "je vous regarde mais je n'écris pas", "je suis venu pour marcher avant tout".
A la fin de la journée, tout le monde était content et fier d'avoir pu écrire quelque chose, d'avoir dit ce qu'il ressentait à un instant précis. Ceux qui étaient peut-être un peu réticents au début, qui manquaient d'inspiration, se sont laissé prendre au jeu.
Tout le monde a demandé à ce que cette expérience se renouvelle l'an prochain.
Maintenant, je vous laisse juger par vous-mêmes.
Chantal
LA BOUSSOLE S’AFFOLE
Guide de la Réunion, page 23 : « Les plus belles randos »
Sentier Bras Mouton à la plaine des sables
« Coulées rougeoyantes, ornitos fumants, tunnels sous basaltiques, je ne cesse de renouveler mes tenues de gala et aime me parer des couleurs les plus folles »
Qui suis-je ?
Au pas des sables prendre le chemin à l’azimut 170. Attention si votre boussole vient de Chine elle peut avoir perdu le Nord.
Apres ½ heure de marche vous ferez, si vous le voulez une petite prière à l’oratoire Ste Thérèse.
Attention ST Expedit y a perdu la tête.
Vos regards se portent alors sur un horizon de roches acérées en 1er plan
La savane cimetière en contre bas tient son nom d’une lutte entre des éleveurs bovins qui ont mal fini en jouant aux mathématiques : 2+2 = 4+4 = 8…
Tout droit vous atteindrez une dalle où les boussoles s’affolent, sinon vous prenez à droite dans le Rempart ; pas à pas, vous descendrez vers un ilot de verdure en traversant brandes et rochers ensoleillés.
Une touriste décrit ainsi la rando :
« Depuis que je suis arrivée à la Réunion je rêvais de voir cette faille ou les boussoles s’affolent. »
Ce qui est extraordinaire ici c’est que tu marches dans un coin qui a l’air tout à fait normal et …Hop
Le Hop, c’est le crissement des scories sous les chaussures les paysages hors du temps. En famille le partage insoupçonné de l’effort physique et intellectuel vous proposera une expérience déboussolante : vous finirez complètement à l’ouest.
*************
« Le départ commence au pas des sables.
Je me dirige jusqu’à l’oratoire de Sainte Thérèse.
Suis-je dans la direction du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ? J’essaie de me repérer. Hélas, ma boussole fabriquée en Chine s’affole.
Heureusement, tout azimut, le paysage est splendide. Je vois des traces en forme de fer à cheval. La chance, je suis guidé, pas besoin de boussole. J’entends le crépitement des pas sur les scories.
Ouf, je n’ai pas perdu le Nord.
Ce fut une belle journée. »
*************
« Sentier bras mouton, lé bien
Notre topo, les jolis pas
Tout au long du sentier, fleurs jaunes, marguerites folles, on s’affole pas,
Ma passion, la nature
Super U, Piton des neiges, tec- tec, oiseaux blancs, souris danseuses
Merci les jolis pas
*************
« A chaque fois que je me retrouve dans cette Plaine des Sables j’ai l’impression de n’être pas grand-chose, face à l’immensité de l’espace et à la majesté des pitons alentour.
Nous sommes passés devant un minuscule oratoire où cohabitent la Vierge et le Christ, ainsi qu’un Saint Expedit étêté. Le lieu était couvert de fleurs artificielles de toutes les couleurs. Notre boussole s’est affolée sans explication lorsqu’elle fut posée à un endroit bien précis, que seul Ti’Yab connaissait ? Le chemin qui conduit au volcan ressemble d’en haut à un interminable lacet sur lequel circulent de minuscules voitures. Mes amis ont cité des noms de pitons, de cimetières, de vaches, de savanes, mais j’étais restée sourde à leurs enseignements car seule la beauté du paysage me fascinait. J’avais envie de profiter du silence et de ce sentiment d’infinité pour plonger dans une profonde méditation. La journée de rando écriture prend fin et nous voilà, tous plongés sur une feuille blanche, un stylo à la main, pour livrer nos impressions et le calme est devenu encore plus grand. Ecrire, c’est déjà méditer. »
*************
« Le lieu où les boussoles s’affolent, entre piton des neiges et piton de la fournaise. Un rêve. Et voilà qu’il est devenu réalité avec un groupe de marcheurs mangeurs- tison, pleins de considération pour leurs stylos.
Guidés par les étoiles le long du sentier mouton au-dessus de la plaine des sables et du Cassé de la rivière de l’est au lever du jour
Nous avons entendu
Le sable crisser sous nos pas
L’hélicoptère au-dessus du volcan
Le vent entre les brandes
Nous avons vu
La mer de nuages blancs et gris enfler et dégonfler
Des capteurs solaires et des radars au milieu des balises jaunes, repères du chemin,
Au sol des traces de chaussures, de pneus, de fer à cheval.
A l’oratoire sainte Thérèse, un saint Expedit étêté à allure de Sitarane.
Et puis enfin, nous sommes arrivés aux dalles où l’aiguille perd toute action sur la toile des points cardinaux.
L’émotion de la Terre est trop forte ici. Elle a fait péter le volcan ; elle a entrainé des perturbations géologiques et psycho atmosphériques. Elle fait hésiter la boussole au-dessus de la faille, nous déboussole, nous désoriente.
Elle fait surgir nos mots et les rassemble dans la plaine aux sables.
*************
COMMENT TERRE
Commentaires sur ma première sortie avec Les Jolis Pas ;
Comment terres de gris colorés, de boussoles déboussolées.
Comment taire ce torrent d’énergie qui bouleverse sans cesse ma vie ?
Commentaires sur ma première sortie avec les Jolis Pas.
Les Jolis Pas portent bien leur nom.
Lumière splendide, spectacle grandiose, paysages où j’entends âge, à peindre avec des mots, dans lesquels on se sent comme des Dieux au-dessus des cieux, au-dessus du coussin nuageux.
Plaine des Sables, désert métallique, comme dans un cimetière devant les tombes des défunts, des haltes silencieuses, alors que nos pas ne nous avaient pas encore amené sur le chemin de « Savane Cimetière »
Comment m’édither (NDLR : la personne qui a écrit se texte s'appelle Edith), sans me taire ?
Comment la terre, la marche, l’écriture, pas à pas, mot à mot, après les boussoles qui s’affolent sur le sol, peut me permettre de renouer avec ma sérénité.
Merci Les Jolis Pas
*************
Vagues sombres à l'écume verdoyante
Très léger frissonnement des brandes
-Sur le bleu infini-
Une stèle chaotique se dresse à flanc de rempart
Sur la toile de fond de la Savane Cimetière
-Camaïeu de verts-
Dans ce voyage sans virage
J'ai écrit sur mes pas et marché sur des mots
-Enivrée de beauté-
*************
Au départ, ce sont des crépitements que l’on entend, ce sont les pas des randonneurs. Puis viennent les couleurs, le rouge, le violet, le brun de la Plaine des Sables, le vert olivine. Et des sensations de frais sur le visage. Entre ciel et montagne, le coton blanc se déploie et avance. Comme j’ai envie de méditer !
Tout est calme et serein. Le chemin se poursuit, une impression de bout du monde, rivière de l’Est, Grand Bénard, Piton des Neiges, cratère Commerson. Quel décor grandiose ! Cela amène au recueillement mais pas pour longtemps car là-haut, sur la crête, la boussole s’affole sur une faille. Ah ! l’inventeur de la boussole n’avait pas prévu cela ! Il a d’abord regardé les étoiles, le soleil et a beaucoup appris grâce aux repères de la nature.
Les paysages sont comme les livres, ils nous apportent du plaisir et de la connaissance sur soi-même.
Tit ti pas, je m’approche de l’oasis de la Plaine des Sables, véritable petit bijou où les oiseaux guettent les restes d’un repas. Je partage avec les jolis pas des mots, des phrases et nous rions de nos écritures.
Ce fut une joyeuse rando-écriture !
*************
Une petite rando bien sympa
Nous avons pris le départ au pas des sables pour longer la crête jusqu’à l’oratoire.
On a marché sur les scories qui crépitaient sous nos pas, avec à droite une vue splendide sur la plaine des sables et à gauche les buissons arides et parsemés. Après l’oratoire on a longé la crête pendant une minute pour arriver sur une petite colline. A cet endroit la boussole s’affolait dans une petite crevasse.
On est revenu sur nos pas jusqu’à l’oratoire pour prendre le G.R. qui nous a conduit dans la tamarineraie vers un monde différent
Tout le long de ce panorama on s’est arrêté dans des points stratégiques pour méditer et écrire en équipe.
C’est une idée rando à refaire pour l’année prochaine.
*************
Je suis dans le volcan des hauts
Je considère mon stylo
Les interstices sont matrices
Quand au loin se mêle une ombre
Le Volcan conçoit des décombres
Mes pti’pas frôlent l’oratoire
Et y rattrapent des mémoires
Pourtant mon corps se ranime
Quand je côtoie les verts abîmes
Mon cœur bat comme une boussole
Qui sur une feuille s’affole